November 1887 - März 1888 11 [301-417]
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Renan, p. 187
Le mouvement démocratique le plus exalté, dont l’humanité ait gardé le souvenir, agitait depuis longtemps la race juive. La pensée que Dieu est le vengeur du pauvre et du faible contre le riche et le puissant se retrouve à chaque page des écrits de l’Ancien Tcstament. L’histoire d’Israël est de toutes les histoires celle où l’esprit populaire a le plus constamment dominé. Les prophètes, vrais tribuns et, on peut le dire, les plus hardis des tribuns, avaient tonné sans cesse contre les grands et établi une étroite relation entre les mots de “pauvre, doux, humble, pieux” et de l’autre entre les mots “riche, impie, violent, méchant.” Sous les Séleucides, les aristocrates ayant presque tous apostasié et passéà l’hellénisme, ces associations d’idées ne firent que se fortifier. Le livre d’Hénoch contiens des malédictions plus violentes encore que celles de l’Évangile contre le monde, les riches, les puissants. Le nom de “pauvre” (ébion) était devenu synonyme de “saint,” d’“ami de Dieu.” [Vgl. Ernest Renan, Histoire des origines du Christianisme. Livre premier. Vie de Jésus. Paris: Michel Lévy fréres, 1867:187ff.]